Charlésia est une voix. L’une des seules qui se souvient et interprète toujours les ségas qu’elle et ses amis composaient et chantaient pour se divertir le samedi soir, échanger des nouvelles ou encore danser, lorsqu’ils vivaient aux Chagos.

Une voix qui a aussi été à l’avant-plan du combat mené depuis leur exil forcé à Maurice à partir de 1967, lorsque les Britanniques ont négocié la souveraineté de l’archipel en échange de l’indépendance accordée en 1968 à Mauritius, jusque-là colonie. À plus de soixante-dix ans,

Charlésia est bien un des derniers témoins à la fois de la vie menée aux Chagos et du déracinement durement vécu. C’est de ce destin d’abord harmonieux puis brisé, qu’elle témoigne à travers ses chansons, dont l’essence héritée du temps de l’esclavage, résulte essentiellement d’un phénomène local d’acculturation des traits d’origine africaine (forme, esthétique, instrumentation,langue…).