Un collectage dont l’urgence a été tristement illustrée par la disparition de Louis L’Intelligent en août 2010, alors âgé de quatre-vingt quatre ans. A l’image de Fanfan, Marclaine Antoine

est aujourd’hui en 2013 de santé fragile. Nous leur dédions naturellement ce coffret. D’un autre siècle, ces musiciens détenteurs de savoirs et de techniques instrumentales qu’ils perpétuent ou perpétuaient immuablement (faisant fi des innovations), représentent à eux seuls trois des pans de la culture musicale de l’île :

– le séga d’influence européenne, soit le séga salon puis séga moderne (et ses origines à travers la romance française et la complainte afro-malgache)

– le séga typique (ou séga traditionnel, séga tambour, séga ravanne) d’héritage afro-malgache.

– les danses de salon créolisées (valse, polka, mazok, kotis…).

Aujourd’hui fortement menacées, certaines de ces musiques en marge des circuits commerciaux, ne survivent qu’à travers des enregistrements vinyls d’époque (lorsqu’il est encore possible de les écouter) et l’interprétation qu’en font Marclaine Antoine, Fanfan et dorénavant les proches de Louis L’Intelligent.

Comment ne pas être alarmistes face à cette déperdition qui touche à la fois des techniques et pratiques instrumentales, des répertoires parfois séculaires, leurs profils musicaux et esthétiques, mais aussi leurs enjeux sociaux, identitaires et historiques.